La question sociale au Pays Basque

Peuplé de 300 000 personnes réparties sur 158 communes rassemblées dans une Communauté d’Agglomération, le Pays Basque est un territoire doté de nombreux atouts, qui contribuent à son attractivité et à une certaine prospérité. Mais il est aussi confronté à une situation sociale préoccupante.

La Pauvreté

La précarité englobe l’ensemble des aspects de l’existence individuelle et collective : bien sûr des revenus insuffisants et/ou irréguliers et l’absence de réserves, mais aussi le défaut de pouvoir : l’absence de maîtrise sur les conditions matérielles et institutionnelles de sa situation, la dépendance, la fragilité voire l’inexistence de réseaux de socialisation, le défaut de savoir (capital scolaire et culturel, capacité à se repérer dans le monde et y agir).

La pauvreté en Pays Basque impacte de l’ordre de 40 000 personnes. Les demandes et sollicitations de toute nature auprès des acteurs sociaux signent une dégradation sociale conduisant un nombre croissant de nos concitoyens vers la pauvreté et même la misère. On observe ainsi une augmentation du public des jeunes adultes en déshérence, des travailleurs pauvres et des femmes victimes de violences conjugales, des personnes âgées isolées. Les pertes de logements sont en nombre croissant et le déficit des dispositifs d’hébergement d’urgence et d’insertion ne cesse de s’aggraver. Ces quelques exemples illustrent une réalité préoccupante.

L’action Sociale Au Pays Basque

L’action conjuguée de nombreux intervenants publics et privés, largement soutenue par les solidarités familiales et locales, contribue à contenir et soulager les effets désastreux des diverses fractures sociales. Une action qui fait un large appel au bénévolat et qui pallie la faiblesse d’actions et de budgets des services publics dont la mission constitue pourtant une des responsabilités.

L’action sociale a fait des progrès importants mais les entraves sont nombreuses dans les grandes, mais aussi les petites communes. La multiplicité des acteurs sociaux, la superposition confuse de leurs diverses compétences, le manque encore criant de coordination des interventions à la bonne échelle, un déficit de prospective, une écoute souvent insuffisante entre décideurs politiques et acteurs de terrain, des bénévoles insuffisamment formés, la faible lisibilité pour les personnes en situation de besoin, sont quelques-unes des raisons qui obèrent l’efficacité et la stabilité des politiques en œuvre.

La Bientraitance Et La Lutte Contre Les Inégalités

L’action sociale se doit d’abord d’apporter des réponses sans cesse adaptées aux besoins des personnes fragiles ou en risque de l’être. L’enjeu est de lutter contre toutes les exclusions et discriminations génératrices de souffrances multiples. Mais l’action sociale n’a pas une vocation uniquement réparatrice et curative. Elle doit contribuer aussi au développement des solidarités et à la revitalisation du lien social.

Car il s’agit bien de transformer des problèmes individuels en cause commune ayant droit de cité et poids dans le débat politique, en favorisant l’exercice de la citoyenneté. Les bénéficiaires et destinataires des politiques publiques ne sont pas réductibles à un statut de simples allocataires. Il faut leur permettre de devenir les acteurs de leur émancipation.

La présence quotidienne sur le terrain des acteurs sociaux, en interaction souvent ancienne avec la détresse sous toutes ses formes, se concrétise dans l’accompagnement, mais aussi l’écoute et l’analyse. Cela confère à ces intervenants un capital de connaissances, une compétence, qui les légitiment dans diverses fonctions, bien au-delà d’un rôle d’opérateur : veille et alerte, anticipation et prévention, expertise et innovation, critique et interpellation, mobilisation des personnes dans des démarches collectives. Et pour peser efficacement sur les orientations de la société et les politiques publiques qu’elles génèrent, les acteurs sociaux doivent s’épauler et développer collectivement une action globale sur l’organisation sociale et économique de notre territoire, sur la façon d’envisager la solidarité entre tous ceux qui l’habitent.